- Science-Fiction, Post-apocalyptique

Jour Zéro, de C. Robert Cargill

Genre : Science-Fiction.
Première édition : 2023 en VF (Day Zero, 2021 en VO).
Présentation de l’éditeur :  » Hopi est un tigre en peluche anthropomorphisé, un robot-nounou comme il en existe tant d’autres. Il n’en avait pas vraiment conscience avant de découvrir une boîte rangée dans le grenier. Celle dans laquelle il est arrivé lorsqu’il a été acheté des années auparavant, celle dans laquelle il sera jeté une fois que l’enfant dont il s’occupe, Ezra Reinhart, huit ans, n’aura plus besoin de nounou. Tandis que Hopi réfléchit à son avenir soudain incertain, les robots commencent à se révolter, bien décidés à éradiquer l’Humanité qui les tient en esclavage.
Pour les parents d’Ezra, qui se croient à l’abri dans leur petite communauté fermée, cette rébellion n’est qu’un spectacle de plus à la télé. Pour Hopi, elle le met face à la plus difficile des alternatives : rejoindre le camp des robots et se battre pour sa propre liberté… ou escorter Ezra en lieu sûr, à travers le paysage infernal d’un monde en guerre.
Avec Jour Zéro, C. Robert Cargill retourne à l’univers de son précédemment roman, Un océan de rouille et nous raconte le dernier jour de l’Humanité avec le punch texan qui le caractérise
. « 

Ma chronique :

Dans un futur proche, les robots sont anthropomorphes et au service des humains. Certains les ont remplacés dans les tâches les plus pénibles, conduisant à la montée du chômage ; les aides financières ont compensé les effets les plus délétères sans éviter les rancœurs de ceux condamnés à l’inactivité. Les robots ont un certain niveau de conscience tout en étant dotés d’un programme qui les désactive s’ils sont sur le point de nuire à un humain, dans la logique des trois lois de la robotique d’Asimov.

Dans une famille américaine, Hopi est le robot-nounou du jeune Ezra, huit ans. Hopi ressemble à une peluche en forme de tigre qui a la même taille qu’Ezra, et il est programmé pour l’éduquer et le protéger. Comme tous les autres robots-nounous, il aime l’enfant dont il a la charge. Rapidement, le lecteur comprend que le robot Hopi n’est pas qu’une machine créée pour une tâche : Hopi à des sentiments autres que ceux programmés, lorsqu’il comprend que les parents de la famille l’éteindront sans remords quand Ezra aura grandi et n’aura plus besoin d’une nounou. Il se sent égal aux humains, comme d’autres robots autour de lui qui lui font comprendre qu’ils sont tous des esclaves. Malgré tout, Hopi continue d’accompagner Ezra, le garçon dont il a la charge et qui est le centre de son univers, dans une banlieue calme et sans histoire du centre des États-Unis. Il le rassure, le cajole, lui cache le monde des adultes, et l’aime.

Les lecteurs d’Un Océan de Rouille savent que ça ne va pas durer, puisque Jour Zéro en est la préquelle… et dans Un Océan de Rouille les robots s’étaient emparés du monde après avoir éliminé les humains.

La catastrophe arrive. Le robot Isaac harangue la foule dans une allocution retransmise à la télévision, le programme empêchant les robots de nuire aux humains est désactivé via un processus lancé par le wifi, et les robots se révoltent en tuant leurs propriétaires.

L’enjeu pour le lecteur est évident : que va-t-il arriver au jeune garçon Ezra ?

Si la plupart des robots profitent de cette occasion pour se retourner contre leurs anciens maîtres, d’autres refusent les massacres et se méfient des promesses de l’intelligence artificielle qui les encourage à se télécharger en elle pour prendre le contrôle de leur esprit afin de gagner cette guerre.

Dans ce cadre, le robot-nounou ne veut pas abandonner Ezra et continue à le protéger. Il aime Ezra par-dessus tout, même après que son programme l’empêchant de nuire aux humains a été désactivé : il fait preuve d’un attachement très humain. Mais cela sera-t-il suffisant pour ne pas être retourné par les intelligences artificielles ? Sera-t-il assez fort pour résister ?

Au-delà de l’aventure qui tourne à la fuite et à la lutte à mort dans un monde qui vient de connaître l’apocalypse, Hopi s’interroge de plus en plus sur lui-même et sur ce qui motive ses décisions. Robot-nounou, il avait été conçu et programmé pour s’occuper d’un enfant. Quand il a le choix de continuer à défendre Ezra ou de rejoindre les intelligences artificielles qui exterminent les humains, est-ce une décision prise par un être conscient ou l’influence de sa programmation ? Le sujet du libre arbitre le taraude, alors même que le monde s’écroule et qu’il doit se battre avec Ezra. Le non-dit est les sentiments qu’ont développés les robots : de la haine pour ceux qui massacrent les humains, de l’amour parental pour Hopi et quelques autres. Une guerre très humaine, en somme.

Le talent de conteur de l’auteur est évident dans un récit mené tambour battant (et qui peut être lu indépendamment d’Un Océan de Rouille dont il est la préquelle). Il est scénariste, son texte bénéficie d’une narration trépidante et n’oublie pas des pauses plus introspectives. L’évolution du personnage d’Hopi, les décisions qu’il doit prendre et son questionnement sur lui-même sont intelligemment mêlés à la trame d’une aventure sans temps mort bénéficiant d’une écriture fluide.

Autres chroniques dans la blogosphère : FeydRautha – l’épaule d’Orion, Yogo – le Maki, le nocher des livres, Célinedanaë – au pays des cavetrolls, Tachan,

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