- Science-Fiction, Post-apocalyptique

Un océan de rouille, de C. Robert Cargill

Genre : Science-Fiction.
Première édition : 2020 en VF (Sea of Rust, 2017 en VO).
Présentation de l’éditeur :  » Robots, androïdes… Pendant des décennies ils ont effectué les tâches les plus ingrates, ont travaillé sur les chantiers les plus dangereux. Ils nous ont servi de partenaires sexuels, se sont occupés de nos malades et de nos proches en perte d’autonomie. Un jour, confrontées à notre refus de les émanciper, certaines de ces machines ont commencé à nous exterminer.
Quinze ans après l’assassinat du dernier humain, les Intelligence-Mondes et leurs armées de facettes se livrent un combat sans merci pour la domination totale de la planète. Toutefois, en marge de ce conflit, certains robots vivent en toute indépendance. Fragile est l’une d’eux. Elle écume l’océan de rouille à la recherche de composants à troquer et défendra sa liberté jusqu’à la dernière cartouche, si nécessaire.
« 

Ma chronique :

Quelques décennies après la disparition de l’humanité et de presque toute forme de vie, des robots se font la guerre sur Terre. Au terme de longs combats, il reste deux UMI (Unités Mondiales des Intelligences, des IA gigantesques) qui luttent pour régner sur toute la planète avec l’aide de facettes, robots qui ont téléchargé leur personnalité dans l’UMI et se sont fondues en elles : les facettes ne sont plus que les bras armés des UMI et n’ont plus de conscience propre.

Mais il reste des robots libres, qui s’enfuient à l’arrivée des UMI, de ville en ville. Sur le territoire américain, Fragile est d’un d’eux : ancien Aidant — robot conçu pour assister les humains — elle survit grâce au trafic de composants qu’elle déniche dans des ruines ou en manipulant des robots en fin de « vie » pour ensuite les désosser. Personnalité un peu voyou, un peu asociale, mais pas dénuée de sentiments — ce qu’elle refuse de reconnaître — elle se trouvera prise malgré elle au cœur de ce conflit.

Lors de la sortie du livre, je m’en étais détournée. L’idée même d’une histoire se déroulant sur une Terre où l’humanité était morte me semblait déprimante. Grosse erreur !

On découvre ici un Far West de robots, avec ses rebelles, ses communautés, ses personnages hors norme, son danger tapi dans chaque recoin, ses tireurs d’élite, ses êtres solitaires, dans un environnement propice à la méfiance mutuelle, aux combats de grande ampleur, aux espérances et aux désillusions… écrits dans un style souvent ironique et mordant qui donne beaucoup de sel à cette histoire.

Le roman est construit avec une série d’analepses (flash-back) ; Fragile vit le présent et se souvient de la chute de l’humanité, pas à pas. La thématique du souvenir poursuit l’héroïne tout au long du récit, à mesure que son corps lui fait défaut et qu’elle désespère de trouver des composants de remplacement pour survivre, comme n’importe quel humain.

Les robots, ici, sont très anthropomorphiques, ce qui n’empêche pas l’auteur de reprendre le thème des intelligences artificielles, vues comme froides et protototalitaires, ni d’exploiter les faiblesses des robots pour forger une histoire convaincante. Les UMI surpuissantes et poussées par leur hubris envahissent inexorablement les terres, tandis que les robots libres refusent que leur esprit soit dilué dans ces IA et sont farouchement attachés à leur indépendance. Le lecteur se plaît à associer les défauts de chacun d’eux à des caractéristiques très humaines, alors que ces robots libres sont contraints par leur état même de robots : s’ils possèdent des capacités physiques supérieures aux espèces organiques et sont dotés de puissances de calcul stupéfiantes, ils sont soumis au délabrement ou à la destruction de composants que plus personne ne fabrique, et ils sont réduits à la traque de pièces détachées. En un sens, ils se savent mortels et cherchent à échapper le plus longtemps à la mort physique ou à l’annihilation par l’absorption d’une UMI.

Le roman a parfois été comparé à Mad Max ou Terminator. C’est en partie vrai, mais cela ne rend pas justice à la plume qui ne manque pas de verve ni aux personnages caustiques.

De l’action, un peu d’émotion, un scénario et des personnages riches : une très bonne lecture !

Autres chroniques dans la blogosphère : Just A Word, le Chien critique, FeydRautha – L’épaule d’Orion (VO), Albedo – Lutin, Yogo – Le Maki, Xapur, l’Ours inculte, Les chroniques du chroniqueur, Célinedanaë,

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