- Science-Fiction, Uchronie

La Croisière bleue, de Laurent Genefort

Genre : Science-Fiction (Uchronie).
Première édition : 2024 en VF.
Présentation de l’éditeur : « En ce début de XXe siècle où règne l’antigravité, bâtiments, camions, voitures, navires parcourent le ciel. Les majestueux transatlantiques traversent mers et océans puis, une fois la côte atteinte, sont remorqués par des locomotives et se transforment en paquebots transcontinentaux.
En 1923, lorsque l’Agénor appareille et que débute la croisière bleue, la quête de nouveaux gisements de cavorite exacerbe les luttes entre grandes puissances. À bord de l’Agénor , le transcontinental reliant l’Europe aux confins de l’Asie, un meurtre inexplicable a lieu. Gaspard, agent du Deuxième Bureau français, est chargé de l’enquête. Il ne tarde pas à découvrir que la victime est un espion anglais et que les puissances qui se cachent derrière cet assassinat pourraient bien faire couler l’Agénor et, dans son sillage, le monde ancien tout entier.
»

Ma chronique :

C’est avec grand plaisir que j’ai replongé dans l’univers des Temps Ultramodernes, une uchronie des années 1910 – 1930, où la cavorite — métal annulant la gravité — permet de construire des engins volants et même de se rendre sur Mars.

Ce livre est un recueil de nouvelles entrecoupées de nombreux articles de presse, qui relatent des faits divers liés à la cavorite avec une ironie mordante, et se conclut par le traité de cavorite déjà publié en numérique.

Les nouvelles sont toutes très différentes les unes des autres. L’auteur débute par Le Facteur Pégase dont j’ai particulièrement apprécié la tendresse de l’ambiance. L’histoire évoque le Palais du Facteur Cheval existant réellement, avec son protagoniste rêveur et obstiné qui construit son temple sur des années, alors que sa fille grandit à ses côtés. Un ton doux et un joli moment d’humanité.

Ensuite, passons à la Croisière bleue qui a donné son titre au recueil. Changement de décor et d’ambiance : une enquête débute à la manière d’Agatha Christie, sur un paquebot volant entre la France et la Russie. Ce petit monde s’avère être un nid d’espions : un lord britannique a été assassiné et deux agents secrets français recherchent le coupable. Très vite, on navigue dans les milieux des réseaux d’espionnage européens, on suspecte un complot, on se cache pour découvrir des secrets. Les alliances de circonstances n’empêchent pas le soupçon mutuel, dans un univers où la cavorite guide les politiques des grandes puissances. La conclusion inattendue de ce périple, spectaculaire, m’a bien amusée.

Après cela, passons à Cinquante hectares sur Mars où nous retournons sur la planète rouge, que nous avons bien connue dans les Temps Ultramodernes. Germain a gagné un lopin de terre, à la manière des colons américains du XIXe siècle. Il n’y trouve pas les sols facilement exploitables qu’on lui a fait miroiter. Ne s’avouant pas vaincu, il part à la recherche de l’origine de l’eau qui envahit les propriétés. Un voyage propice à l’exploration de la faune et de la flore de Mars, comme dans les romans de SF des années 50 : évasion garantie. Cette inspiration continue avec la découverte de Germain sur l’origine des inondations, et je ne vous en dis pas plus. Un pulp modernisé qui inaugure un changement de ton dans le recueil.

Un intermède avec Le Sisyphe cosmique sur Mercure : une équipe tente d’extraire de la cavorite, dont cette planète regorge. Nouvelle courte et marquante, jolie et triste, à la métaphore poétique. Et potentiellement, un bouleversement dans cet univers ?…

Enfin, À la poursuite de l’anticavorium, où nous retrouvons Marthe que nous avons bien connue dans Les Temps Ultramodernes. Cette fois-ci, un astéroïde d’anticavorium (qui serait l’inverse de la cavorite et éminemment dangereux) menace de détruire la Terre. Une expédition spatiale est lancée pour détourner l’astre. Ça vous rappelle des films à grand spectacle ? Bien vu ! La tension est présente tout du long de la nouvelle, avec son lot de rebondissements et son enjeu extrême comme tout blockbuster digne de ce nom : la survie de la Terre !

Le recueil se clôt par le Traité de la cavorite, que je n’avais pas lu à l’époque de son édition en numérique : ne vous arrêtez pas à son titre aride, car il est plaisant à lire. L’auteur s’est visiblement amusé à imaginer toutes les implications de sa cavorite, de sa découverte, sa chimie, son extraction, sa filière industrielle, aux conséquences politiques, artistiques ou historiques.

La Croisière bleue s’avère un excellent complément pour ceux qui ont aimé Les Temps Ultramodernes : elle offre un approfondissement de l’univers, mais aussi des histoires aux tonalités diverses et toutes réussies.

Autres chroniques dans la blogosphère : le nocher des livres, Célinedanaë / au pays des cavetrolls, Tachan, le Maki,

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