- Fantastique, XIXème - XXème, _ Historique

Katie, de Michael McDowell

Genre : Fantastique.
Première édition : 2024 en VF (Katie, 1982 en VO).
Présentation de l’éditeur : « Lorsqu’en 1871, la désargentée et intrépide Philomela Drax reçoit une lettre de son richissime grand-père déclarant qu’il craint pour sa vie à cause d’une famille peu scrupuleuse, les Slape, elle se précipite à la rescousse.
Mais le temps presse, car Katie Slape, une jeune femme dotée d’un don de voyance et d’un bon coup de marteau, est sur le point d’arriver à ses fins…
Démarre alors une traque endiablée, des rues poussiéreuses d’un village du New Jersey aux trottoirs étincelants de Saratoga, en passant par les quais de New York, Philo poursuit Katie… à moins que ce ne soit l’inverse ? Car personne n’échappe à Katie la Furie !
Tout à la fois hommage de Michael McDowell aux penny dreadfuls excitants et sans pitié de l’ère victorienne et thriller bourré d’action et de rebondissements, Katie est une jubilatoire danse macabre à travers l’Âge d’or américain.
Au-delà de la cupidité et de la brutalité, de la gentillesse et du désespoir, Michael McDowell (1950-1999), créateur des mythiques Beetlejuice et Blackwater, nous offre avec Katie une lecture effrénée à la croisée de Stephen King et Jane Austen, et nous embarque dès les premières pages dans une cavalcade aussi sanglante que imprévisible
. »

Ma chronique :

Les éditions Toussaint Louverture poursuivent la traduction de l’œuvre de Michael McDowell, avec des livres de poche aux couvertures toujours aussi belles !

Quant au roman lui-même, il se lit d’une traite, parfois avec jubilation.

Katie se déroule en 1871, aux États-Unis. Le prologue (qui a lieu huit ans plus tôt) donne le ton : la jeune Katie est une fillette égoïste et insensible. La Katie adulte ? Toujours aussi égoïste et insensible, voire cruelle, dans une famille de voyous pas très intelligents mais hargneux et rusés.

Pourtant l’héroïne du roman, au sens traditionnel du terme, est Philo, qui a le même âge que Katie.

Philo survit difficilement avec sa mère veuve, Mary, dans une petite ville de l’Est des États-Unis. L’argent vient à manquer. Bientôt, elles ne pourront plus rembourser l’hypothèque et elles vont être expulsées. Dès le début du récit, Philo est entourée d’une galerie de personnages aux caractères marqués qui donnent beaucoup de sel à l’histoire grâce à une plume ironique. On sent que l’auteur s’est amusé à les faire vivre.

Un jour, Mary reçoit une lettre de son père, le grand-père de Philo, qui avait coupé les ponts après le mariage de sa fille qu’il désapprouvait. Il appelle à l’aide : la femme de son fils décédé (le frère de Mary) s’est remariée avec un homme qui a une fille adulte, une certaine Katie (oui, il s’agit de la même Katie). Il est invalide et maltraité. Il subit la pression du couple et de leur fille Katie pour changer son testament en leur faveur. Il craint pour sa vie, et implore Philo, qu’il n’a jamais vu, de venir le secourir. Philo accepte (elle est gentille, bonne et douce, notre Philo).

Ce qu’elle ignore, c’est qu’elle va se frotter à une famille de criminels avides, et surtout que Katie a des dons de voyance qui lui donnent un coup d’avance.

Les parties alternent les points de vue de Philo, raisonnable, sage, intelligente même si un brin naïve, avec celles de Katie et sa famille. Ce roman se dévore, grâce à une plume fluide qui fait renaître les petites villes rustiques et le New York de la fin du XIXe siècle, de nombreux personnages secondaires hauts en couleur et une intrigue mouvementée. À la fin de chaque chapitre, on n’a qu’une envie : lire la suite.

On passe des travailleurs pauvres de la campagne aux jeunes femmes gagnant un trop misérable salaire dans les magasins new-yorkais, des pensions de famille aux familles fortunées : l’aspect social est constamment présent en filigrane.

L’histoire de Philo est le mélange d’un roman historique, d’un thriller et d’une romance (ce n’est pas le fond de l’intrigue, mais la relation entre Philo et Henry, et surtout l’ironie dans la description des personnages secondaires, évoquent Jane Austen). Philo enchaîne les coups de chances et de malchances, à la poursuite de son héritage et de ceux qui lui ont volé des êtres chers. D’un naturel aimable, elle réalise qu’elle souhaite le mal de Katie et ses parents. Elle attire la sympathie avec ses petites failles, sa succession de catastrophes, et malgré tout elle rebondit chaque fois.

En parallèle, on se plaît à voir les tribulations de la famille du crime, celle de Katie, rusée mais pas futée, et jusqu’à la fin on se demande qui va gagner. Katie est obsédée par Philo et poursuit cette dernière de sa vindicte, entourée par un père faible et une belle-mère impuissante. Katie est sans pitié.

Pourquoi avoir baptisé le roman Katie plutôt que Philo ? Sans doute parce que Katie est le véritable moteur de l’intrigue, celle par qui tout arrive, le miroir de Philo. Une antagoniste saisissante, bien plus marquante et puissante que Philo, grâce à ses dons de voyance et son caractère hors norme.

Un très bon roman historique, avec un soupçon de fantastique et une trame thriller, sur un ton léger, parfois ironique, fort sympathique, qui m’a fait passer un très agréable moment.

Je remercie Babelio et les éditions Toussaint Louverture pour cette Masse Critique.

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10 réflexions au sujet de “Katie, de Michael McDowell”

    1. Le fantastique est un peu moins présent, mais clef dans l’histoire (c’est ce qui donne à Katie sa capacité à savoir pas mal de choses).
      Et j’ai trouvé l’histoire plus animée, il y a plus de retournements de situation.

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