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Dans la toile du temps, d’Adrian Tchaikovsky

Genre : Science-Fiction.
Première édition : 2018 en VF (Children of Time, 2015 en VO).
Présentation de l’éditeur : « La Terre est au plus mal… Ses derniers habitants n’ont plus qu’un seul espoir : coloniser le « Monde de Kern », une planète lointaine spécialement terraformée pour l’espèce humaine. Mais sur ce « monde vert » paradisiaque, tout ne s’est pas déroulé comme les scientifiques s’y attendaient. Une autre espèce que celle qui était prévue, aidée par un nanovirus, s’est parfaitement adaptée à ce nouvel environnement et elle n’a pas du tout l’intention de laisser sa place. Le choc de deux civilisations aussi différentes que possible semble inévitable. Qui seront donc les héritiers de l’ancienne Terre ? Qui sortira vainqueur du piège tendu par la toile du temps ? »

Ma chronique :

La scientifique Avranka Kern projette d’installer sur une planète terraformée des milliers de singes et un nanovirus qui accélérera leur évolution. Mais la futaille transportant les singes est détruite, tandis que le nanovirus trouve un hôte inattendu dans les araignées et dans une moindre mesure les fourmis. Les millénaires passent, les araignées grossissent et enjambent à grands pas l’évolution. Devenues intelligentes et communautaires, elles créent au fil des générations une société, une culture et une technologie adaptée à leur physiologie.

Mais voilà : la Terre mourante a envoyé dans l’espace les derniers humains, qui espèrent bien s’installer sur cette planète accueillante… La planète est protégée par le module d’Avranka, qui s’est cryogénisée avant de donner des instructions à son IA, et les premiers membres d’équipages qui descendent malgré tout au sol sont attaqués par de très gros insectes.

Le roman exploite l’idée d’une espèce très différente de la nôtre qui crée sa propre civilisation, et on sent que l’auteur s’est longuement renseigné sur les araignées, tout en ajoutant la dimension sociale qu’elles n’ont pas chez nous. Curieusement, au fil du roman, on se prend à s’attacher à ces grosses bêtes, leurs espoirs et leurs ignorances, leur chemin vers la civilisation et l’évolution de leur mentalité. Elles restent très différentes des humains et plus collectives. Cependant, les conflits entre nids ne manquent pas. Les araignées ne sont pas décrites comme idéales ou bienveillantes, loin de là (cf. le traitement de leurs mâles), ce qui ajoute à la crédibilité de la société imaginée.

Quant aux humains, le récit est moins surprenant et reste l’histoire d’une lente décrépitude dans un huis clos. La thématique de l’humanité qui détruit son environnement et se détruit elle-même est un des fils conducteurs. On pourra peut-être reprocher à l’auteur la facilité scénaristique d’avoir un linguiste dans le vaisseau, déjà vu dans d’autres romans pour arriver à comprendre une espèce étrangère (quelle est la probabilité qu’il y ait un linguiste expert sur un vaisseau de quelques centaines de milliers de naufragés de l’espace ?). Holstein est ici la figure du héros malgré lui, du vieux sage mesuré seul à même de comprendre l’IA puis la nouvelle planète.

Évidemment, l’un des enjeux est l’impossibilité de communication et de cohabitation entre deux espèces sapientes qui veulent vivre dans le même espace. Les araignées étaient là en premier, et les humains n’ont pas la capacité de repartir car leur vaisseau n’est plus qu’une épave.

Principal défaut du roman : le début prétend que le nanovirus est lâché pour transformer les singes en serviteurs des derniers humains. Pourquoi donc ne pas avoir aussi installé les humains dès l’origine, alors que la Terre se meurt déjà ? On a l’impression d’une manœuvre pour justifier l’idée de départ.

Il n’en reste pas moins que l’histoire est une bonne surprise, et je la lisais davantage pour connaître l’évolution des araignées que celle des humains. L’auteur a écrit une suite avec des poulpes sur une autre planète, et je suis curieuse de savoir ce qu’il a imaginé.

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Dans la toile du temps, tome 1
Dans la toile du temps, tome 2 : Dans les profondeurs du temps
Dans la toile du temps, tome 3 : Children of Memory (non traduit)

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