- Fantasy, Dark Fantasy

Janua Vera, de Jean-Philippe Jaworski

Genre : Fantasy.
Première édition : 2007 en VF
Présentation de l’éditeur : « Né du rêve d’un conquérant, le vieux royaume n’est plus que le souvenir de sa grandeur passée… Une poussière de fiefs, de bourgs et de cités a fleuri parmi ses ruines, une société féodale et chamarrée où des héros nobles ou humbles, brutaux ou érudits, se dressent contre leur destin. Ainsi Benvenuto l’assassin trempe dans un complot dont il risque d’être la première victime, Ædan le chevalier défend l’honneur des dames, Cecht le guerrier affronte ses fantômes au milieu des tueries… Ils plongent dans les intrigues, les cultes et les guerres du Vieux Royaume. Et dans ses mystères, dont les clefs se nichent au plus profond du coeur humain… Jean-Philippe Jaworski met une langue finement ciselée au service d’un univers de fantasy médiévale d’une richesse rare. Entre rêves vaporeux et froide réalité, un moment de lecture unique. »

Ma chronique :

Un monde imaginaire, sombre et cruel ; des histoires se développant à des centaines d’années d’intervalle ; des enfants de paysans, des guerriers farouches, des nobles belliqueux, des prêtres ascètes : nous plongeons dans tout un univers en quelques nouvelles. Le surnaturel est peu présent, mais puissant et maléfique : il a même dévasté des terres entières au cours d’une guerre, reprenant ici l’allégorie en Fantasy de la guerre nucléaire. Au détour des pages, on croisera une vieille déesse, un change-peau ou un elfe, mais la magie est rarement le moteur des récits.

Ce recueil marque pour moi la découverte de celui qui est souvent présenté comme le plus grand styliste de la littérature française de l’imaginaire. Et c’est vrai. L’auteur réussit le tour de force d’offrir une densité à chaque page ; les descriptions suggèrent une ambiance tantôt funèbre tantôt mystérieuse, les paysages et les bâtiments servent le récit et déterminent les émotions des personnages.

Inutile de recenser toutes les nouvelles (10 dans la dernière version du recueil), mais je parlerai de celles qui m’ont plu ou touchée. Metefellone, tout d’abord, installe un univers guerrier médiéval doté de relations politiques complexes, et la conclusion de la bataille (l’auteur aime les nouvelles à chute) souligne la cruauté du destin, même chez les puissants. Mauvaise donne introduit Benvenuto qui reviendra avec le roman suivant du cycle (Gagner la Guerre). Ici, nous découvrons une république inspirée de la Renaissance italienne, avec ses intrigues de cour sanglantes et ses tueurs de l’ombre, à travers les yeux d’un personnage opportuniste qui rate un assassinat commandité. Le conte de Suzelle propose une ambiance bucolique et paysanne qui lentement est happée par le poids des années. Une jeune écervelée est éblouie par un bel homme croisé près de la rivière. Là encore, la fin serre le cœur et souligne l’inutilité des rêves pour les plus pauvres des filles. Jour de guigne, quant à lui, se démarque par une plume ironique : l’auteur a dû s’amuser à l’écrire, et le lecteur en ressent du plaisir à la découverte des mésaventures d’un copiste. Enfin, Comment Blandin fut perdu se rapproche du conte de Suzelle, malgré un contexte et des personnages très différents : un peintre et un jeune apprenti fou amoureux d’une novice.

Des univers et des époques diverses, dépeints à travers des nouvelles d’inspirations littéraires variées, qui forment un ensemble cohérent très riche. C’est avec plaisir que je lirai Gagner la Guerre !

Autres chroniques dans la blogosphère : Gromovar, Xapur, Tigger Lilly, l’Ours Inculte, Nevertwhere, Baroona, Boudicca, Lorhkan, Tachan,

  • Le Vieux Royaume / Leomance
    • Janua Vera
    • Gagner la guerre
    • Le Sentiment du fer
    • Le Chevalier aux Épines
      • Le Tournoi des preux
      • Le Conte de l’assassin
      • Le Débat des dames

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