- Fantastique, - Science-Fiction, Post-apocalyptique

Le Livre de M, de Peng Shepherd

Genre : Science-Fiction (Post-apocalyptique).
Première édition : 2020 en VF (The Book of M, 2018 en VO)
Présentation de l’éditeur : « Que seriez-vous prêt à sacrifier pour vous souvenir ?
Un jour, en Inde, un homme perd son ombre – un phénomène que la science échoue à expliquer. Il est le premier, mais bientôt on observe des milliers, des millions de cas similaires. Non contentes de perdre leur ombre, les victimes perdent peu à peu leurs souvenirs et peuvent devenir dangereuses.
En se cachant dans un hôtel abandonné au fond des bois, Max et son mari Ory ont échappé à la fin du monde tel qu’ils l’ont connu. Leur nouvelle vie semble presque normale, jusqu’au jour où l’ombre de Max disparaît…
Situé dans une Amérique tombée de son piédestal, où nul n’échappe au danger, Le Livre de M raconte l’incroyable destin de gens ordinaires victimes d’une catastrophe mondiale extraordinaire.
« 

Ma chronique :

Dans un futur proche, une catastrophe est arrivée : des humains perdent leurs ombres, et avec elles leur mémoire. La première personne atteinte par ce phénomène habitait en Inde, et peu à peu le monde entier fut touché, menant à l’effondrement de la société. Les victimes oublient plus ou moins lentement qui sont leurs proches, puis quel est leur propre nom, et enfin qu’il faut manger ou respirer pour vivre.

Ory et Max sont un couple réfugié dans un hôtel isolé. Ils assistaient au mariage de leurs amis Paul et Immanuel quand Boston a été frappé, puis l’ensemble des États-Unis. Deux ans qu’ils vivent reclus, alors que les invités sont finalement partis à la recherche de leur famille. Mais un jour, Max perd son ombre.

Naz, elle, est une jeune athlète iranienne venue aux États-Unis afin de s’entraîner au tir à l’arc pour les Jeux olympiques, quand sa vie est bouleversée par l’irruption de ce phénomène étrange. Quant à l’Amnésique, il a perdu sa mémoire à la suite d’un accident de voiture, quelque temps avant l’apparition de l’Oubli.

Ce roman choral reprend la trame classique de certains récits post-apocalyptiques et survivalistes, et on peut même penser aux histoires de zombis — les sans-ombres remplaçant ici les zombis — à la différence près que l’Oubli n’est pas contagieux, et que les sans-ombres ne sont pas tous menaçants, loin de là.

Dès les premières pages, le lecteur est entraîné par une prose fluide et limpide. L’auteure a un talent de page turner certain, mais pas seulement. Ce roman d’action se double d’une exploration psychologique de ses personnages, qui tous ont peur du monde qui vient mais sont animés d’un espoir envers et contre tout. Même parmi ceux qui perdent leurs ombres, des groupes vont à La Nouvelle-Orléans où, dit-on, quelque chose d’important arrive sans qu’ils ne sachent exactement quoi. Cet espoir diffus reste un moteur qui les fait avancer, alors que ceux qui ne croient plus en rien sombrent dans la violence. L’auteure illustre ainsi la nécessité d’avoir un but.

Le thème de la mémoire et des souvenirs, constitutifs de notre identité, est évident dès les premières pages. Max, la femme d’Ory qui a perdu son ombre et qui est partie, marche dans la nature, et enregistre ses souvenirs et ses réflexions dans un magnétophone. Elle parle à son mari absent, et se parle à elle-même tant qu’elle se souvient encore des choses. Ory, de son côté, va à la recherche de sa femme à travers ces États-Unis post-apocalyptiques ; il a peur qu’elle oublie qui elle est, et qu’elle s’oublie elle-même : lui aussi est animé par l’espoir de la retrouver.

Le tableau serait incomplet sans la touche fantastique, présente dès le début du roman avec le lien entre les ombres et la mémoire, lien que personne ne sait expliquer mais qui devient un élément intangible de ce nouveau monde. Les sans-ombres modifient parfois la réalité, quand leurs souvenirs confus leur échappent et transforment des routes et des bâtiments. Peu à peu, le fantastique prend plus de place — mais jamais trop — et devient poétique, y compris dans des situations qui auraient dû être effrayantes.

La conclusion du roman, avec une surprise somme toute logique, m’a beaucoup plu par son ton et par les perspectives qu’elle offre.

C’est une lecture captivante, entre post-apocalyptique et fantastique, avec des personnages à la psychologie approfondie et servie par une narration accrocheuse (page turner, quand je ne fais pas l’effort de chercher un mot français).

Autres chroniques dans la blogosphère : Le Chien critique, FeydRautha / L’épaule d’Orion, Xapur, Tigger Lilly, Les chroniques du Chroniqueur, Nevertwhere, Boudicca, Célinedanae,

10 réflexions au sujet de “Le Livre de M, de Peng Shepherd”

  1. Super bon souvenir ce livre, je crois que c’était le premier AMI que j’ai lu l’année dernière d’ailleurs.
    Ta chronique me rappelle cette traversée du pays par Max et Ory, ça m’avait bcp touchée.
    Et alors chose drôle je me souviens que la fin m’avait marquée, mais… je ne m’en souviens plus. Je me souviens juste de son impact.
    (regarde derrière, ouf j’ai tjr mon ombre 😅)

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    1. La traversée des Etats-Unis est effectivement un grand moment pour décrire le lien entre Max et Ory.
      De mon côté aussi, il y a pas mal de livres dont de me souviens de l’histoire dans les grandes lignes, des personnages et de l’ambiance, mais pas de la fin 😬
      Je me dis que c’est sans doute une bonne chose, si j’ai envie de les relire 😅

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