- Fantastique

L’Architecte de la vengeance, de Tochi Onyebuchi

Genre : Fantastique.
Première édition : 2022 en VF (Riot Baby, 2020 en VO)
Présentation de l’éditeur : « Ella a un don.
Quand elle regarde un enfant, et avant que son nez ne se mette à saigner, elle sait s’il va devenir infirmier en gériatrie où s’il va mourir avant l’âge de onze ans, étendu sur un trottoir, les yeux vers le ciel, fauché par l’incompréhensible guerre des gangs qui ensanglante son quartier depuis toujours.
Pirus, Crips, Bloods…la violence a tant de noms à Compton.
Quand Kevin, son frère, voit le jour en 1992, pendant les émeutes provoquées par l’acquittement des policiers impliqués dans l’affaire Rodney King, Ella sait déjà que sa famille va déménager de la Californie pour Harlem et qu’elle tiendra bientôt dans sa main sa première boule de neige. Mais quitter l’endroit d’où l’on vient ne permet pas toujours d’échapper à la violence et à l’injustice.
Ella a un don ; pour elle, pour Kevin, pour l’Amérique, sans doute le temps est-il venu de l’utiliser.
« 

Ma chronique :

Roman coup de poing !

Ella, adolescente noire qui vit dans les quartiers déshérités de Los Angeles dans les années 1990, a un Don. Elle voit le destin de certains enfants autour d’elle, y compris le petit garçon qui mourra lors d’une fusillade. Dans une Amérique gangrénée par le racisme, tout son univers tourne autour de la violence, la pauvreté et l’injustice. Le danger est omniprésent.

Pendant les émeutes raciales de 1992 naît son petit frère Kev. Rapidement, le don d’Ella évolue, et leur mère s’inquiète. Ella veut protéger son petit frère, Ella voit ses congénères noirs victimes de la violence policière dont les USA sont coutumiers, Ella réconforte Kev quand il est envoyé en prison et le visite d’une manière inhabituelle…

Servie par une écriture âpre et à fleur de peau, l’auteur dissèque cette Amérique où trop de jeunes sont happés par une destinée implacable. L’histoire est prétexte à un cri de douleur et un désir de vengeance ; la touche fantastique crée l’allégorie de la femme à la fois protectrice et prophétesse dans un univers où le sang coule trop facilement, où l’impossibilité de grandir en paix comprime toute une communauté qui aspire à une autre vie.

Le voyage prend aux tripes le lecteur. Quand le style de l’écriture porte autant le message que l’histoire elle-même, on est sans conteste dans de la littérature.

On n’est pas dans la nuance ni la complexité du monde : chez l’auteur, tous les policiers sont des racistes violents, et tous les noirs sont des pauvres vivant dans des quartiers gangrénés par la criminalité. Il s’en dégage une révolte face à des situations que le lecteur au courant de l’actualité sait être trop fréquentes dans les USA, encore aujourd’hui.

L’auteur, un ancien juriste spécialisé dans les droits civiques, se sert de sa plume pour dénoncer une société américaine qui enferme les noirs des quartiers pauvres : même ceux qui ne sont pas en prison ne jouissent pas réellement de libertés. Les articles joints au récit confirment une vision sombre de la société raciale — du moins aux États-Unis — et un fort sentiment d’injustice allant jusqu’à une argumentation approchant certaines notions du racisme systémique. Vous êtes prévenus !

Autres chroniques dans la blogosphère : Gromovar, FeyRautha, Yogo / Le Maki, Le nocher du livre, Just A Word, Boudicca, Célinedanaë, Elwyn,

6 réflexions au sujet de “L’Architecte de la vengeance, de Tochi Onyebuchi”

  1. Quand la modération ne semble rien changer, un grand cri a au moins le mérite de soulager.
    J’avais déjà oublié l’existence de ce livre, qui n’a pas tant fait parler de lui (pour un Albin Michel Imaginaire en tout cas), mais il faut vraiment que je le lise, merci du rappel.

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