- Science-Fiction, Post-apocalyptique

Chroniques du pays des mères, d’Élisabeth Vonarburg

Genre : Science-Fiction.
Première édition : 1992, révision 1999.
Présentation de l’éditeur : « Sur une Terre dévastée, les hommes sont devenus rares, un virus déséquilibrant les naissances. Le Pays des Mères, une société matriarcale, a toutefois pu s’établir en ayant recours à l’insémination artificielle. La jeune Lisbeï se pense promise au titre de « Mère », jusqu’au jour où elle apprend sa stérilité. Loin de chez elle, devenue « exploratrice », elle accomplira l’un de ses rêves les plus chers : découvrir les secrets du lointain passé du Pays des Mères.« 

Ma chronique :

J’ai été ravie de gagner ce livre grâce à un concours organisé sur Twitter par l’éditeur Folio SF et le podcast C’est plus que de la SF, pour fêter la sortie en version poche ! En effet, j’avais beaucoup entendu parler de ce roman qui m’intriguait.

Plusieurs centaines d’années après « le Déclin », une société peu technologique s’est reconstruite autour des femmes, car à cause d’un mystérieux virus rares sont les garçons qui naissent. Cet univers très féminin, même dans le langage (le neutre est féminin et non plus masculin), met à l’écart les hommes et a réinventé une mythologie, une tradition et des préjugés. Dans un contexte où beaucoup d’enfants meurent jeunes de la Maladie, les femmes sont contraintes d’enfanter régulièrement, alors que nous sommes dans un matriarcat.

Lisbeï, élevée pour devenir Mère (cheffe d’une des Familles), se révèle stérile et voit sa vie bouleversée : contrairement à ses sœurs, elle a la liberté de partir et de se former dans une Famille accueillant un système universitaire. De nature curieuse et n’hésitant pas à se poser des questions, elle va très vite s’intéresser au passé qui la passionne.

Ce pavé est à la fois très dense et prend son temps : c’est toute la vie de Lisbeï qui nous est retracée, de son plus jeune âge à la garderie jusqu’à ses derniers instants. Ses interrogations et ses réflexions intimes nous en apprennent beaucoup sur un univers où l’Histoire a été construite par des mythes, mais qui évolue lentement et parfois avec réticence. Plus on avance dans le livre, plus on a envie d’avoir les réponses à des énigmes sur la formation de la religion et des coutumes figées, comme dans un roman policier où la victime serait la vérité.

Société plus complexe qu’il n’y paraît au premier abord, le Pays des Mères se divise entre croyants plus ou moins extrémistes et progressistes parfois prudents, entre tradition et souhait de découvrir le passé et le monde, dans un contexte culturel où le désir de survie des Familles met la fertilité au-dessus de tout. La Maladie et ses variantes, l’obsession des Lignées, et la peur des zones polluées engendrent un environnement contraignant pour les êtres humains qui ont perdu la liberté de choisir leur destin s’ils sont fertiles. Le passé — réinventé — et ses conséquences sont souvent un frein à l’avenir de cette humanité rescapée.

Ce roman foisonnant est une vraie expérience de lecture qui offre des sujets de réflexion nombreux.

Autres chroniques dans la blogosphère : Tigger Lilly, Tachan, FeydRautha, Lutin – Aldebo, Lune, Xapur, Nevertwhere, Just A Word, Célinedanaë,

5 réflexions au sujet de “Chroniques du pays des mères, d’Élisabeth Vonarburg”

  1. Je n’ai toujours pas osé m’y aventurer malgré son statut de grand livre, le côté très dense/lent me fait quand même assez peur. Mais il faudra quand même que j’y passe un jour. ^^

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  2. Ce titre m’attend depuis sa première parution en Livre de Poche SF en 1996. Sous une magnifique couverture de Manchu. Quelque chose me retient. Je ne sais quoi précisément. Et pourtant, mon instinct et ta chronique (argument récent) m’y poussent. A suivre. De Vonarburg, je possède itou un recueil en Présence Du Futur intitulé « Janus » dont j’ai lu avec appétit la première nouvelle « L’oiseau de cendres » et à laquelle il m’a fallu donner beaucoup d’attention. C’est peut-être çà: Vonaburg est une auteure qui se mérite.

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    1. Ce n’est effectivement pas une lecture « facile » ou « légère », comme un roman de pure aventure. Il vaut mieux attendre le bon moment pour prendre le temps de l’apprécier.

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