- Science-Fiction, Planet-Opera

Anatèm tome 1, de Neal Stephenson 

Genre : Science-Fiction.
Première édition : 2018 en VF (Anathem, 2008 en VO).
Présentation de l’éditeur : « Fraa Erasmas est un jeune chercheur vivant dans la congrégation de Saunt-Edhar, un sanctuaire pour les mathématiciens et les philosophes. Depuis des siècles, autour du sanctuaire, les gouvernements et les cités n’ont eu de cesse de se développer et de s’effondrer. Par le passé, la congrégation a été ravagée trois fois par la violence de conflits armés. Méfiante vis-à-vis du monde extérieur, la communauté de Saunt-Edhar ne s’ouvre au monde qu’une fois tous les dix ans. C’est lors d’une de ces courtes périodes d’échanges avec l’extérieur qu’Erasmas se trouve confronté à une énigme astronomique qui n’engage rien de moins que la survie de toutes les congrégations. Ce mystère va l’obliger à quitter le sanctuaire pour vivre l’aventure de sa vie. Une quête qui lui permettra de découvrir Arbre, la planète sur laquelle il vit depuis toujours et dont il ignore quasiment tout.« 

Ma chronique :

Sur une planète inconnue, baptisée l’Arbre, des ordres monacaux regroupent des fraas (frères) et soors (sœurs) autour de la philosophie, des mathématiques et de la physique. Il n’est point question de religion ici, mais d’amour de la recherche, de la logique et des déductions. Enfermés dans leurs concentes, ils entretiennent une gigantesque horloge et se consacrent à des débats théoriques enrichis des lectures de leur vaste bibliothèque. L’auteur nous décrit minutieusement une microsociété avec ses règles, ses interdits et ses traditions, sa hiérarchie et ses contre-pouvoirs personnifiés par l’Inquisition. Tout est prétexte à déplier un univers devant les yeux du lecteur.

Difficile de décrire le monde des concentes : médiéval par certains aspects — on se croirait souvent dans un immense monastère de notre Europe — la technologie existe toutefois dans l’horloge dont les mécanismes sont complexes ou dans le télescope avec lequel ils se livrent à des observations astronomiques. On comprend qu’un effondrement de la civilisation a eu lieu dans un lointain passé, mais que des savoirs ont survécu. Les avôts (les fraas et les soors) ont peu de contact avec l’extérieur, où les véhicules et les smartphones existent et sont très communs ; extérieur qui lui-même connaît mal les concentes : deux mondes très différents se côtoient mais ne se mêlent pas.

Mais un jour, une observation du ciel va bouleverser cette planète et le destin de certains avôts.

Autant le dire tout de suite : les premières dizaines de pages exigent un effort. L’auteur a inventé un lexique spécifique, et parfois j’ai eu l’impression d’un exercice de style tant il y avait de nouveaux mots. Certes, le contexte permet de comprendre, mais j’ai été proche de l’overdose. Ensuite, ce roman prend le contre-pied des « conseils en écriture » qui imposent d’exposer l’enjeu ou des conflits dès les premières pages. Ici, pendant 200 pages, vous accompagnez le fraa Erasmas dans son quotidien. C’est heureusement très bien écrit, et surtout le lecteur attentif retrouvera quelques théories majeures de notre philosophie et de nos mathématiques, toutes rebaptisées avec ce lexique inventé. Toutefois, il m’a fallu plus de 50 pages pour « entrer » dans le roman, et par honnêteté je dois souligner qu’une partie du lectorat n’arrivera pas à plonger dans cette histoire : l’auteur aime exposer longuement des débats, mélangeant parfois les disciplines, et je comprends que ça ne plaise pas à tout le monde. Ceux qui veulent de l’action, de l’action et encore de l’action : passez votre tour !

Sans divulgâcher la suite des aventures des protagonistes, nous découvrons ensuite le monde extérieur, assez fascinant, avec lui aussi ses règles et ses non-dits, ses traditions et ses mythes, et surtout une complexité de différentes sociétés.

Ce tome 1 (le roman est en un seul tome dans sa version originale) s’achève sur un rebondissement majeur, et évidemment je vais lire la suite pour connaître la fin de l’histoire.

Autres chroniques dans la blogosphère : Apophis, Gromovar, FeydRautha, Lutin (tomes 1 & 2), Yogo, Lune (tomes 1 & 2), Les Chroniques du Chroniqueur, Just A Word (tomes 1 & 2), Lorhkan, Célinedanaë (tomes 1 & 2), Baroona (tomes 1 & 2),

Anatèm, tome 1
Anatèm, tome 2

5 réflexions au sujet de “Anatèm tome 1, de Neal Stephenson ”

  1. Tu avais le deuxième tome sous la main pour enchaîner j’espère ? ^^
    Je crois que je m’attendais à tellement difficile vu les retours que finalement j’ai trouvé ce tome « pas si compliqué » – toutes proportions gardées. Je trouve surtout qu’il y a régulièrement de quoi se raccrocher et alléger l’ensemble, c’est intelligemment fait. Mais il faut clairement savoir où l’on met les pieds.

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    1. Oui, j’avais le tome 2 sous la main et je l’ai terminé récemment. Il vaut mieux ne pas laisser trop de temps entre les deux volumes.
      Quand j’ai lu le tome 1, j’avais un peu oublié les critiques de l’époque, donc je l’ai découvert avec avec un regard (presque) neuf. Et c’est tant mieux !

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  2. C’est l’un des romans majeurs de l’Imaginaire. J’ai préféré le premier tome (donc la première partie du roman) que le final. Probablement pour la mise en place de l’univers, l’ambiance, la découverte… mais évidemment il faut lire l’ensemble de l’œuvre !

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    1. Je suis d’accord, je viens de terminer le tome 2. En fait, c’est surtout la conclusion de l’histoire qui m’a surprise, parce que l’auteur suggère des pistes… et en fait, non. Bon.

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