- Fantastique

Les Cartographes, de Peng Shepherd

Genre : Fantastique.
Première édition : 2023 en VF (The cartographers, 2022 en VO)
Présentation de l’éditeur : « La carte est le territoire. Si vous falsifiez la carte, vous modifiez le territoire.
Cela fait trente ans que Nell a perdu sa mère. Et voilà maintenant que son père, le Dr Young, un célèbre cartographe de la New York Public Library, est retrouvé mort dans son bureau. Elle l’adorait et voulait prendre sa suite, mais la famille, c’est parfois très compliqué. En fouillant dans les affaires du défunt, elle trouve, bien cachée, une carte routière. Nell se souvient parfaitement de cette maudite carte. Elle lui a valu une engueulade homérique et lui a coûté sa carrière auprès de son père. En reconstituant cet événement avec un regard neuf, elle ne tarde pas à se rendre compte que le document comporte une erreur singulière, une signature pour ceux qui sont initiés à l’art de la cartographie. Pour percer ce mystère, la jeune femme contacte certains amis de ses parents. Trente ans plus tôt, ils formaient un groupe de sept personnes, très soudé : les Cartographes. Qu’ont-ils découvert ? Quels crimes ont-ils commis contre la réalité ?
Après l’apocalypse magique du Livre de M (Albin Michel, 2020), Peng Shepherd confirme tout son talent de romancière avec ce thriller culturel qui lui a valu d’être comparée à Ray Bradbury et Jorge Luis Borges
. »

Ma chronique :

New York, de nos jours. Nell est une jeune cartographe qui a dû se résigner à un emploi dégradant pour une personne avec son expertise : fabriquer en série des copies de cartes artificiellement vieillies, pour des clients voulant décorer leur intérieur. Sept ans plus tôt, son père Daniel l’a expulsée du monde fermé des cartographes de prestige, à savoir ceux qui travaillent dans les Bibliothèques réputées ou les universités. Brouillés, le père et la fille ne se sont plus revus depuis.

Mais Daniel meurt dans son bureau, et peu après la bibliothèque NYPL (New York Public Library) où il travaillait est cambriolée. Mais rien n’a disparu. Or, fouillant dans le bureau de son père, Nell a déniché une vieille carte routière sans valeur et camouflée avec soin, la même carte qui a provoqué son renvoi par son père.

L’auteure s’est inspirée d’un événement réel : des sociétés de cartographie dessinaient un faux lieu sur leurs cartes pour piéger les éventuels plagiaires, à savoir des concurrents qui économiseraient sur le coût des géomètres. Une société avait dessiné, sur ses cartes à bas prix vendues dans les stations-service, un faux village dans la région de New York, Agloe. Elle a poursuivi en justice un gros concurrent qui avait reproduit Agloe sur sa propre carte… mais Agloe existait ! Les habitants du coin, découvrant Agloe sur la carte routière, avaient cru que c’était le nom de leur lieu, l’avait utilisé comme adresse, et d’autres constructions ont suivi jusqu’à rendre réel ce qui n’était qu’un mensonge : le village d’Agloe.

De cet événement pas commun, Peng Shepherd a imaginé une histoire où le fantastique s’invite dans notre réalité. Confirmant son talent pour une plume agréable et fluide, au service d’une galerie de personnages divers et attachants, elle nous convie dans un milieu professionnel peu connu — les cartographes — à New York, entre la tradition de la NYPL et la modernité high-tech d’une société informatique cartographiant le monde. Les mystères s’accumulent, et rapidement le roman devient un polar qui pourrait paraître classique, mais avec une touche d’onirisme qui s’accentue à mesure que le récit avance.

Nell enquête sur la carte, mais aussi sur le passé : nous retrouvons ici un schéma classique de roman policier où deux époques se parlent. Un drame advenu trente ans plus tôt, la mort de la mère de Nell, fait écho aux morts et aux étranges disparitions du présent. Les amis de ses parents lui dévoilent l’histoire de ce groupe soudé de jeunes étudiants cartographes dans les années 90. L’auteure a su bien manier les révélations, sans jamais oublier le plaisir de lecture, et surtout en ménageant le suspense, même si parfois on se doute de certaines clefs. La narration n’est pas exempte de quelques maladresses, bien mineures au regard d’un rythme haletant et d’une histoire accrocheuse.

Avec une écriture très cinématographe — j’imaginais aisément le film — ce roman construit comme un polar offre la touche de fantastique et de poésie typiques de l’auteure.

Autres chroniques dans la blogosphère : FeydRautha – l’épaule d’Orion, le nocher des livres, Boudicca, Tachan, Célinedanae – au pays des cavetrolls, Tigger Lilly – le dragon galactique, Yogo – le Maki, Sometimes a book,

3 réflexions au sujet de “Les Cartographes, de Peng Shepherd”

  1. J’en attends tellement, après Le livre de M, que j’ai un chouïa peur d’être déçue. mais j’ai quand même hâte de le lire; je vais me procurer le ebook, et si j’adore, j’achèterai le bouquin papier après.
    J’avais bien capté en effet que ce roman semblait très haletant, et se lisait tout seul très vite. J’aime bien l’idée d’une écriture très ciné. A voir donc !
    Merci pour ton retour 🙂

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    1. C’est vrai qu’on est parfois déçu par le deuxième roman d’un auteur, mais là, pas du tout !
      L’histoire et le cadre sont différents, mais le plaisir de lecture reste le même.

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  2. J’avais déjà « Le Livre de M » dans mon viseur mais je crois que celui-ci est encore plus tentant. En tout cas deux romans et deux réussites, l’autrice pourrait rapidement devenir une valeur sûre !

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