
Genre : Science-Fiction (Dystopie).
Première édition : 1947 en VF (Kallocain, 1940 en VO)
Présentation de l’éditeur : « Dans une société où la surveillance de tous, sous l’œil vigilant de la police, est l’affaire de chacun, le chimiste Leo Kall met au point un sérum de vérité qui offre à l’État Mondial l’outil de contrôle total qui lui manquait.
En privant l’individu de son dernier jardin secret, la Kallocaïne permet de débusquer les rêves de liberté que continuent d’entretenir de rares citoyens. Elle permettra également à son inventeur de surmonter, au prix d’un viol psychique, une crise personnelle qui lui fera remettre en cause nombre de ses certitudes.
Et si la mystérieuse cité fondée sur la confiance à laquelle aspirent les derniers résistants n’était pas qu’un rêve ?
On considère Kallocaïne, publié en 1940 en Suède, comme l’une des quatre principales dystopies du XXe siècle avec Nous (Zamiatine, 1920), Le Meilleur des mondes (Huxley, 1932), et 1984 (Orwell, 1949).«
Ma chronique :
Dans un futur dystopique, Leo Kall est biologiste dans la ville Chimie-4 et entretient des relations distantes avec son épouse Linda et ses enfants. Il sert l’État, comme tout le monde autour de lui, et il se méfie de son chef Rissen qu’il soupçonne d’avoir une aventure avec Linda. Leo vit — et trouve normal de vivre — dans une société où le contrôle social est omniprésent, chacun surveillant son voisin ou son conjoint. Même les chambres sont espionnées, pour le bien d’un État en lutte contre un autre État. Dans une ville qu’on ne quitte jamais et sans aucun contact avec l’extérieur, on doit des jours de service à la police, on envoie ses enfants dans des camps où ils sont conditionnés et détachés de leurs familles, et les jeunes gens peuvent être arrachés à leurs proches pour être envoyés vivre ailleurs selon les besoins en main-d’œuvre. Cette société se voit comme l’étape ultime de la civilisation, chaque individu ne se justifiant qu’à travers le service de l’État.
Leo vient d’inventer une drogue extraordinaire, qu’il baptise la Kallocaine, en référence à son propre nom. Sous ses effets, les prisonniers confessent leurs pensées les plus secrètes, et les tests montrent que même les idées qu’ils n’osaient s’avouer à eux-mêmes font surface.
Leo est fier, très fier. Il a découvert le moyen infaillible de débusquer les ennemis de l’État. Bientôt, il va militer pour le vote d’une loi contre les crimes de la pensée, maintenant que son invention permet de les dévoiler. Pourtant, au contact de son chef Rissen qu’il méprise, et de sa femme Linda qui lui échappe à son grand regret, quelque chose s’éveille en lui. Une chose qui l’effraie, lui, le brave petit soldat de l’État : les sentiments pour autrui. Ce serait une catastrophe dans un univers réprimant les sentiments et les émotions comme asociaux.
Ce roman court mais dense — et assez littéraire dans sa plume — a été publié en 1940 par une auteure suédoise qui se suicidera l’année suivante : avant même d’ouvrir le livre, on sait que le ton sera grave et la fin sera sombre. Son testament est marqué par son époque : les pays totalitaires, le contrôle étatique sur les citoyens et la certitude d’agir pour le bien collectif au détriment de l’individuel.
Kallocaïne fait immanquablement penser à 1984, plus tardif, et qu’il a sans doute inspiré sans en posséder la richesse thématique ni la profondeur de la description de la société. Il n’en reste pas moins une vision glaçante d’un régime totalitaire diablement efficace car tous les citoyens sont endoctrinés dès le plus jeune âge, toute déviance est a priori impossible grâce au contrôle de chacun sur chacun. Les sentiments sont perçus comme asociaux, et rares sont ceux qui comprennent être prisonniers d’un système qui les prive de relations humaines véritables.
Autres chroniques dans la blogosphère : Just A Word, Gromovar, Xapur, Célinedanaë – au pays des cavetrolls,
Ce n’est pas un roman qui m’attire grandement pour son fond, mais je le lirais bien un jour pour sa dimension historique.
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Il est intéressant, suscite la réflexion, et il n’a pas trop vieilli (ce qui est important quand on lit un SF de cette époque !)
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