- Science-Fiction, Hard-SF, Thriller

La Ville dans le ciel, de Chris Brookmyre

Genre : Science-Fiction.
Première édition : 2021 en VF (Places in the Darkness, 2017 en VO).
Présentation de l’éditeur : « En orbite autour de la Terre, Ciudad de Cielo est la première marche permettant à l’humanité d’atteindre les étoiles. Décrite comme un lieu utopique où le crime n’existe pas, la station spatiale est néanmoins contrôlée par des gangs qui se livrent une guerre sans merci : prostitution, contrebande et racket sont omniprésents. Jusqu’ici, les autorités ont toujours fermé les yeux. Mais les choses vont changer : un cadavre vient d’être découvert, flottant en mille morceaux dans la microgravité de cette ville dans le ciel.
L’enquête sur ce meurtre est confiée à Nikki ‘Fix’ Freeman. Corrompue jusqu’à la moelle, c’est peu dire qu’elle n’est pas ravie d’être chaperonnée par Alice Blake, une jeune envoyée du gouvernement terrien fraîchement arrivée sur la station et particulièrement stricte dès qu’il s’agit du règlement.
Alors que les morts s’accumulent, les masques vont finir par tomber, et les vraies raisons de ce déchaînement de violence se révéler au grand jour.
Sous les dehors d’une enquête policière rondement menée, Chris Brookmyre explore dans ce face-à-face magistral entre deux femmes, et deux mondes, que tout oppose, les aspects les plus sombres de notre monde contemporain. Saluons l’entrée remarquée, et réussie, d’un grand nom du polar écossais dans la science-fiction.
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Ma chronique :

Alice Blake débarque dans la station spatiale Ciudad de Cielo — la « Ville dans le Ciel », ou CdC — pour diriger pendant 6 mois la Securidad, la police privée du complexe édifié pendant des décennies pour construire les futurs vaisseaux générationnels qui partiront à la conquête de lointaines planètes. À son arrivée, elle est attaquée et apprend qu’un horrible meurtre a été commis, le premier depuis la naissance de CdC. Elle décide d’enquêter sous couverture avec Nikki Fixx, enquêtrice qui eut de bons états de service sur Terre mais dont ses chefs se méfient. Au contact de Nikki, Alice va découvrir la vraie CdC, fort éloignée de celle fantasmée sur Terre, conçue comme la matrice d’une nouvelle humanité, sans vices et sans crimes.

Car Nikki est corrompue, et elle navigue constamment en eaux troubles, dans cette ville où les ingénieurs viennent s’encanailler dans les bars qui profitent de la contrebande et de la prostitution. Alice, croyant fermement à la force de la morale et de l’ordre, va être confrontée à une humanité qui survit même si elle vit dans un cadre technologique avancé. Nikki, quant à elle, est convaincue que les rouages doivent être huilés, et « protège » les activités illicites. En clair, elle se fait payer par les contrebandiers et les prostitués. À ses yeux, et aux yeux du consortium qui détient la station, le meurtre qui vient d’être découvert est une catastrophe : la Terre va s’apercevoir que CdC n’est pas l’utopie promise, et Alice personnalise la menace d’une reprise en main qui plane sur les quartiers défavorisés de la station spatiale, alors que les sans-grade sont contraints d’exercer un deuxième travail illégal pour subvenir à leurs besoins.

Roman noir et techno-SF, enquête policière dans les bas-fonds d’une station spatiale, ce roman nous offre une ambiance glauque réaliste dans son inspiration de ville corrompue dont des zones entières sont en coupe réglée par des bandes criminelles, tout en profitant de technologies futuristes convaincantes.

L’auteur, qui s’est fait connaître comme écrivain de polars, a imaginé un avenir où l’information est la clef. Ses personnages disposent aisément des données grâce à des lentilles connectées, et l’utilisation de cette technologie — et surtout ses failles — est exploitée dans cette enquête qui va explorer les avancées sur les filets, cette invention permettant d’implanter des connaissances et des souvenirs. Au fil de la lecture, on discerne l’influence de Philip K. Dick, mais je ne vous en dévoile pas plus.

Roman convaincant dans ses deux aspects, enquête policière et univers de science-fiction, il vaut le détour et propose deux protagonistes crédibles. Son univers glauque et ses réflexions sur les conséquences des technologies sont bien amenés, et la narration est addictive, même si j’ai quelquefois trouvé que la prose manquait de fluidité. On reconnaît la patte d’un écrivain rompu aux polars dont le lecteur veut connaître la solution de l’énigme ; et dans un contexte SF on devine que ce n’est pas le nom du coupable qui compte, mais plutôt les implications sur les secrets de cet univers. En l’occurrence, les promesses sont tenues !

Un auteur à suivre.

Autres chroniques dans la blogosphère : Apophis, Yogo, Lianne, le nocher des livres.

10 réflexions au sujet de “La Ville dans le ciel, de Chris Brookmyre”

  1. « on discerne l’influence de Philip K. Dick » : c’est bien le seul point qui ne m’enthousiasme pas particulièrement dans ta chronique, au contraire de tout le reste. Polar et SF font souvent bon ménage, ça donne envie.

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    1. Entièrement d’accord avec toi : c’est du très solide, l’auteur maîtrise le polar et il a su créer un univers SF qui a un impact dans l’histoire, aussi bien pour l’origine du crime que pour le déroulement de l’enquête.

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