
Genre : Classique, Historique.
Première édition : 1957 (Доктор Живаго) (publié qu’en 1985 en URSS, première parution en Italie).
Présentation de l’éditeur : « «Ma charmante, mon inoubliable ! Tant que les creux de mes bras se souviendront de toi, tant que tu seras encore sur mon épaule et sur mes lèvres, je serai avec toi. Je mettrai toutes mes larmes dans quelque chose qui soit digne de toi, et qui reste. J’inscrirai ton souvenir dans des images tendres, tendres, tristes à vous fendre le cœur. Je resterai ici jusqu’à ce que ce soit fait. Et ensuite je partirai moi aussi.» »
Ma chronique :
J’ai vu et revu le (magnifique) film de David Lean, j’ai donc entamé la lecture du roman avec La Chanson de Lara dans la tête. J’avais évidemment un a priori très positif en commençant le récit !
Dès les premiers paragraphes, j’ai su que j’avais en main un grand ouvrage. Un style à part que seuls quelques auteurs talentueux possèdent ; cette écriture « à l’ancienne » qui se développe et qui rend les longueurs digestes. Parce qu’en effet ce livre recèle des longueurs, que ce soit des descriptions fouillées, des considérations philosophiques ou encore des dialogues de plusieurs pages. Mais je n’ai jamais soupiré pendant ma lecture.
Le roman est bien plus touffu que le film, et met en scène de nombreux protagonistes secondaires qui n’ont pas été repris dans l’adaptation cinématographique. Je ne peux donc que le recommander aux amoureux du film ! Cette profusion de personnages amplifie la profondeur de la fresque historique qui démarre avec le vingtième siècle et qui emporte les hommes dans les soubresauts de la guerre mondiale, de la révolution russe, de la guerre civile et des débuts de l’empire soviétique. Les destins sont balayés par le vent de l’histoire, les innocents sont pris au piège des événements qui détruisent les êtres.
On devine assez facilement que Iouri Jivago est Boris Pasternak, quand il observe le monde autour de lui et tente d’en tirer des leçons philosophiques, auxquelles je n’ai pas toujours adhéré. Le Docteur regarde aussi les morts autour de lui, que ce soit à cause de la guerre, des exécutions sommaires ou de la famine. Il voit le pire de la nature humaine, mais également sa simple faiblesse, la plupart des hommes autour de lui espérant seulement survivre. On comprend assez facilement pourquoi ce roman ne pouvait pas être publié dans l’empire soviétique, car les récits concernant la guerre civile sont une suite de manœuvres liées à des ambitions personnelles aveugles, des lâchetés et de trop nombreuses morts inutiles.
Le film est surtout connu pour être une grande histoire d’amour, et bien évidemment nous la retrouvons dans le livre, même s’il existe quelques différences dans le caractère des protagonistes. Je ne vais pas les lister, car ce serait rébarbatif, mais je trouve que David Lean a dessiné des hommes et des femmes qui ont une psychologie plus réaliste et cohérente que leurs modèles dans le roman.
En effet, la seule critique que je porterais à la fresque du prix Nobel Boris Pasternak est que les motivations des personnages qu’il décrit m’ont parfois laissée perplexe tant elles sont déroutantes. Heureusement, ce défaut est mineur tellement le livre est grandiose : un témoignage sur une période remplie de fureur et un grand roman d’amour.
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J’ai un souvenir attendri du film, de son format en cinémascope typique de ces années-là, des couleurs si particulières associées à ce format, des scènes grandioses, des deux acteurs…. Je me souviens d’une histoire d’amour qui chavire, mais pas seulement; le spectateur sentait que l’Histoire, la grande, glissait derrière; que ses fracas, ses colères s’écrasaient derrière l’écran en vagues lentes, lourdes et brutales. Je ne connais que peu cette époque-là. Cela pourrait être idée de lecture. Allez adjugé..! 🙂
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Pas vu le film et forcement, tu viens de me tenter de lire le roman. Ça coute rien, je le rajoute à ma Wish. Tu dis que c’est un Prix Nobel, pourtant, je n’ai jamais entendu son nom. A-t-il eu son prix grâce au seul Docteur Jivago ou d’autres titres valent le coup?
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La vie de Boris Pasternak est un roman tragique ! Les Russes le connaissent grâce à sa poésie, exercice qu’il avait laissé tombé après les attaques du régime stalinien : ses poèmes n’étaient pas dans la ligne du parti. Sa maîtresse Olga (modèle de Lara dans le roman) a été emprisonnée de longues années par mesure de rétorsion.
Le manuscrit du Docteur Jivago ne pouvait pas être publié en URSS, et il a été passé clandestinement en occident. C’est son seul roman. Pasternak a été obligé de « refuser » le prix Nobel, car les Soviétiques l’ont informé que s’il allait en Suède recevoir son prix, il ne pourrait pas revenir en URSS auprès de sa famille. Cependant, L’Académie du Prix Nobel ne lui a pas retiré son prix (tout le monde connaissait la vraie raison du refus).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Boris_Pasternak
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Ok, c’est donc plus un Prix Politique que Littéraire.
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ah je ne savais pas cette histoire de Nobel, intéressant! J’ai lu le roman (et vu le film) quand j’étais ado, alors du coup c’est l’histoire d’amour qui m’a marquée surtout!
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