- Science-Fiction, Post-apocalyptique

Le Silence de la Cité, d’Élisabeth Vonarburg

Genre : Science-Fiction.
Première édition : 1981, révision 1999.
Présentation de l’éditeur : « La civilisation humaine est presque détruite et dans la cité souterraine où ils sont enfermés, les scientifiques cherchent une solution aux désastres qui rongent la Terre. Il reste une dernière chance : Elisa, l’une des rares enfants, fruit d’expériences génétiques, aux capacités physiques étonnantes, peut faire espérer une humanité résolument nouvelle. Mais saura-t-elle se libérer de son passé ? Et qu’en sera-t-il des hommes et des femmes qui, hors de la Cité, ont survécu à la barbarie et aux mutations de toutes sortes ? Découvrez comment fut fondé le Pays des Mères et comment l’humanité a survécu aux catastrophes ! Prix Boréal 1982 – Grand prix de la SF française 1982 – Prix Rosny aîné 1982.« 

Ma chronique :

Plusieurs siècles avant Chroniques du Pays des Mères : une poignée de scientifiques vit dans une cité souterraine alors que le « Dehors » a été dévasté par des cataclysmes 350 ans plus tôt. Ils recherchent une solution génétique au déclin de l’humanité, marqué par un fort déséquilibre des naissances (beaucoup plus de filles que de garçons). Tandis qu’en surface les descendants des survivants sont retournés à une vie tribale et patriarcale, les femmes étant esclaves, dans les Cités les derniers gardiens du savoir scientifique manipulent les gènes pour offrir un nouveau départ à la race humaine.

L’un d’eux, Paul, a « créé » Élisa. Élisa sort d’un ventre artificiel et grandit avec « Grand-Père », qu’elle croit humain, et « Papa » Paul, qu’elle croit être son père. Elle est entourée de robots, et peu à peu le lecteur comprend que les derniers humains des Cités « s’incarnent » régulièrement dans des machines, ni tout à fait robots, ni tout à fait humains. Élisa atteint l’adolescence et découvre la sexualité dans une Cité où elle ne rencontre quasiment aucun humain, tandis que Paul la façonne pour qu’elle accomplisse le destin qui lui a été assigné… Mais lui-même sera rattrapé par sa propre finitude.

Roman intrigant démarrant dans un univers technologique et dépeuplé qui voit les derniers feux de la civilisation, du savoir et de la science, il s’achemine doucement vers ce qui est devenu le vrai monde, celui « du Dehors ». L’humanité y a recréé une société dure — notamment vis-à-vis des femmes — qui retourne lentement à un âge prétechnologique, mais garde des traces de son passé.

Les thématiques approfondies sont nombreuses et bien insérées dans le récit : le choix de son destin versus le conditionnement dès l’enfance, les sociétés patriarcales versus la tentation de certaines de sociétés matriarcales qui ne seraient pas plus justes, les relations familiales et particulièrement la difficulté de parents à considérer leurs enfants comme des êtres humains indépendants et non leur prolongement ou leur création.

Élisa se pose peu à peu des questions sur ce que signifie aimer (un autre adulte, ses propres enfants), sur les rapports entre les hommes et les femmes différents selon les contextes et les sociétés… Et ses interrogations sont amenées subtilement par l’auteure.

Ce roman n’est pas comparable des Chroniques du Pays des Mères, il est plus rythmé et plus mouvementé, et j’ai eu beaucoup de plaisir à le découvrir. Il apporte quelques explications à des éléments qui paraissaient étranges dans les Chroniques du Pays des Mères, mais il reste indépendant et peut se lire sans connaître l’autre œuvre.

Je remercie les éditions Mnemos pour l’envoi de ce livre, à l’occasion de la réédition du roman ce mois-ci.

Autres chroniques dans la blogosphère : FeydRautha, Tigger Lilly, Nevertwhere, Just A Word, Dionysos, Célinedanaë, Lhisbei, Tachan,

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