Biographies, Moyen-Âge, _ Historique, _ Non-Fiction

Avicenne ou la route d’Ispahan, de Gilbert Sinoué

Genre : Historique, biographie.
Première édition : 1989.
Présentation de l’éditeur :  »  » Moi, Abou Obeïd el-Jozjani, je te livre ces mots. Ils m’ont été confiés par celui qui fut mon maître, mon ami, mon regard, vingt-cinq années durant : Avicenne, prince des médecins, dont la sagesse et le savoir ont ébloui tous les hommes. De Samarkand à Chiraz, des portes de la Ville-Ronde à celles des soixante-douze nations, résonne encore la grandeur de son nom… »
Ainsi commence le récit consacré à l’une des plus hautes figures de la pensée universelle.
Né en 980 à Boukhara, Avicenne, ou Ibn Sina, est à dix-huit ans le médecin le plus renommé de son temps. Pris dans les remous et les guerres qui agitent les confins de la Turquie et de la Perse du XIe siècle, il est tour à tour nomade, exilé, vizir. Sa dernière étape le conduit à Ispahan, cité sublime, où il meurt à cinquante-sept ans après avoir bu, jusqu’à l’ivresse, à la coupe du savoir et de l’amour. »

Ma chronique :

Gilbert Sinoué nous fait découvrir l’Orient qu’il aime à travers plusieurs romans. Sa passion pour cette région transparaît dans la biographie d’Avicenne, philosophe et médecin d’exception du début du XIe siècle.

Ali Ibn Sala naît en Ouzbékistan en 980, et rapidement le jeune homme montre des capacités intellectuelles hors-norme. Sa mémoire impressionnante lui permet de retenir les enseignements des grands médecins de l’Antiquité qu’il a lus. Exigeant, il ne se fie qu’à son observation et à son sens de la déduction pour diagnostiquer, soigner et chercher. Cet état d’esprit démontre une intelligence rationnelle éloignée du cliché du médecin du Moyen Âge.

Comme les autres intellectuels remarquables du passé, son savoir ne se limite pas à la médecine, bien au contraire : il maîtrise aussi les mathématiques, l’astronomie, et se révèle un philosophe parmi les plus grands. Inlassablement, il écrit des sommes sur toutes ces disciplines, dont les plus célèbres sont des traités de médecine et de philosophie.

J’ai souvent été étonnée par les compétences médicales d’Avicenne, et j’ai plusieurs fois vérifié qu’une opération ou que la connaissance d’une maladie existait déjà à l’époque… parce que j’avais du mal à y croire. Correspondant avec les autres savants de son temps et de sa région, il a la chance de vivre à une ère d’intenses effervescences intellectuelles et scientifiques.

Sa vie s’avère fascinante : il se met au service des émirs, s’élève aux postes les plus prestigieux avant de chuter, et doit prendre le chemin de l’exil et tout recommencer dans une autre cour. Réclamé par les princes, il est soumis à leur bon vouloir, et un tel destin est peu commun. Cette biographie romancée est l’occasion de découvrir une civilisation que beaucoup d’entre nous connaissent mal, entre l’Ouzbékistan, la Turquie et la Perse. Les paysages, les villes, les parfums et les senteurs nous entraînent dans un ancien Orient complexe, chaque émir étant en conflit ou sous la coupe d’un voisin.

Ce récit est inspiré des biographies existantes, et parfois il a un aspect hagiographique. Hormis une intransigeance qui suscitera haines et jalousies, Avicenne n’a que des qualités et pas de défauts… du moins pour un lecteur du XXIe : Avicenne s’adonne à la boisson et aux plaisirs de la chair, malgré la morale religieuse. C’est bien la seule chose qui le rend humain !

Une lecture que je recommande pour découvrir un personnage mal connu de la plupart des Européens, alors qu’il a marqué l’histoire de la médecine et de la philosophie.

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