
Genre : Non-Fiction.
Première édition : 2021 .
Présentation de l’éditeur : « Que veulent les habitants ? Qu’attendent-ils de leur quartier, de leur ville ? Comment connaître les préférences d’habitants encore absents ? Ces questions s’imposent aux promoteurs quand ils deviennent « opérateurs urbains », pilotant de grandes opérations de longue durée, sous le regard des collectivités locales. L’enquête sociologique dont on fait ici le récit tente d’y répondre. Elle s’est focalisée sur les métropoles et couvre le « milieu » de la société française, hors les plus riches et les plus pauvres.
Alain Bourdin, professeur des universités, est sociologue et urbaniste.
Pauline Silvestre, membre de l’atelier PPLV, est docteure en urbanisme.«
Ma chronique :
Aujourd’hui, les maires qui envisagent l’édification d’un nouveau quartier ne donnent plus de critères quantitatifs aux promoteurs (tant de logements de telle taille), mais demandent à ces derniers des propositions qualitatives pour imaginer une « ville de demain » qui répond aux besoins des habitants.
Mais il n’existait pas d’analyses approfondies sur les attentes de nos contemporains, et notamment les Français, encore moins selon les « catégories » de population qui iraient au-delà des classifications CSP (Catégories Socio-Professionnelles : niveau de revenu ou de diplôme). Aussi, Bouygues a sollicité des sociologues pour étudier ce domaine afin d’offrir des recommandations pertinentes.
Cet ouvrage, écrit par ces sociologues et à destination de ceux qui agissent sur les quartiers de demain, est le récit de cette enquête par des professionnels. La méthodologie est clairement exposée, et le néophyte découvrira les différentes phases et techniques pour décrypter et comprendre ce que souhaitent les Français : des petits groupes d’habitants de Paris, Lille ou Marseille qui échangent lors d’entretiens animés par une spécialiste, puis des sondages à grande échelle. Les sociologues ont ainsi pu établir des catégories de population et leurs désirs, mais aussi évaluer leur poids dans la société française.
Les huit « types » déterminés grâce à l’enquête (mainstream, repliés, my way, collaboratifs, écoconscients, tranquilles, exigeants, et technophiles) se définissent selon des appétences ou des rejets plus ou moins marqués sur les thématiques liées au logement lui-même, au quartier (offre, image), à la sécurité, à la nature/le végétal, au développement durable, à la sociabilité, à la mobilité, à la technologie, et à la vie de quartier/le collectif. Dans chaque groupe, on retrouve des points communs en CSP, de sexe ou de mode de transport. À l’inverse, on peut trouver des cadres ou des employés dans diverses catégories, d’où l’intérêt de cette étude.
Eh non, tout le monde ne rêve pas d’une vie de quartier ou de commerces à proximité. Certains ne voient leur domicile que comme un refuge et préfèrent pratiquer leurs activités loin de leur voisin. Autre surprise : un espace vert bien entretenu est associé dans l’esprit des citoyens à la sécurité, alors que le lien ne me paraissait pas évident.
Cet ouvrage est très instructif, aussi bien pour connaître des méthodes d’enquêtes sociologiques et leur interprétation que pour découvrir les appétences des Français en matière de quartier idéal. J’y ai appris beaucoup de choses !