
Genre : Science-Fiction.
Première édition : 1999 en VF (Die Haarteppichknüpfer, 1995 en VO).
Présentation de l’éditeur : « Quelque part aux confins de l’empire, sur un monde oublié de tous… Une petite planète apparemment anodine. Sauf que, depuis des temps immémoriaux, les hommes s’y livrent à une étrange occupation : tisseurs de père en fils, ils fabriquent des tapis de cheveux destinés à orner le Palais des Étoiles de l’Empereur.
Pourtant, une étrange rumeur circule. On raconte çà et là que l’empereur n’est plus. Qu’il serait mort, abattu par des rebelles. Mais dans ce cas, à quoi peuvent donc servir ces tapis ?
Et qui est cet homme si étrange qui prétend venir d’une lointaine planète ? Lui aussi affirme que l’Empereur est mort… »
Ma chronique :
J’ai longtemps attendu pour lire ce roman de science-fiction au titre étrange, et qui peut faire craindre le pire. Grosse erreur ! Dès les premières pages, nous sommes plongés dans un univers moyenâgeux, sur une planète semi-désertique, rocailleuse, et éloignée d’un empire galactique, où depuis des temps immémoriaux des tisseurs fabriquent des tapis de cheveux humains qui orneront le Palais de l’Empereur basé sur une autre planète. Dans cette civilisation médiévale, l’Empereur est vu comme une divinité qui a créé les étoiles, et chaque personne dédie ses actions à la gloire de cet être mystérieux. Toute l’organisation sociale de la cité sert à permettre aux tisseurs de réaliser leur tapis, œuvre de toute une vie… Et tout blasphème est interdit.
Évidemment le lecteur ne comprend pas l’intérêt de ces tapis de cheveux, et en parallèle il ne peut que s’étonner d’être sur une planète si peu technologique, mais dont la population sait qu’il existe d’autres planètes habitées par des humains.
La tonalité est assez sombre, car tant de vies sont broyées par le système social et les croyances ! Chaque chapitre présente des personnages différents (même si certains reviennent plus tard), et en général la fin de chaque partie n’est pas joyeuse. J’ai appris en cours de lecture qu’il s’agissait en réalité d’un fix-up (ensemble de nouvelles réunies en un roman), ce qui explique la construction.
L’un des thèmes majeurs du récit est donc le poids de la religion et des superstitions sur une société humaine où toute volonté personnelle est bridée. La croyance en l’Empereur est tellement ancrée dans les esprits que ceux qui se mettent à douter pensent que leurs malheurs futurs ne sont que la conséquence de ce sacrilège.
Mais arrive une rumeur affirmant que l’Empereur a été renversé. Malheur à celui qui répétera ce propos ! Peu à peu le récit glisse du planet-opera au space-opera, et le mystère sur les tapis de cheveux s’épaissit.
J’ai beaucoup aimé la fin émouvante, une allégorie de l’absurdité de certaines superstitions dont l’origine peut paraître stupide ou cruelle. Quant à l’épilogue, il nous offre un moment poignant.
Autres chroniques dans la blogosphère : le Chien critique, Gromovar, Xapur, Tigger Lilly, Nevertwhere, Baroona, Dionysos, Lorhkan, Célinedanaë, Thrr-Gilag, Kwalys – Drums n Books, Fourbis et Têtologie,
J’ai lu cet ouvrage il y a bien 10 ans maintenant chez l’Atalante. Mon ressenti fut voisin du tien, j’aurais mis en chronique des mots similaires et mis en avant les mêmes points forts. Le titre énigmatique, la structure en nouvelles séparées, l’isolation planétaire, la mise en abîme spectaculaire … Ce titre mérite d’être lu, vraiment. Je l’ai trouvé atypique, l’immersion se fait aisément et rapidement. Ultérieurement je n’ai lu de l’auteur qu’un « Jesus Video » qui, au final, ne m’a pas apporté grand chose au comparé, sur thème voisin, d’un « Voici l’homme » de Michael Moorcock beaucoup plus percutant.
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Vraiment un excellent ouvrage, à la fois sur le fond et la forme. Je ne relis normalement jamais, mais celui-ci me donne envie de faire une exception à chaque fois que j’en entends parler tant je me souviens l’avoir adoré. ^^
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