
Genre : Science-Fiction.
Première édition : 1970 en VF (Ubik, 1969 en VO).
Présentation de l’éditeur :
« Une pulvérisation invisible d’Ubik et vous bannirez la crainte obsédante, irrésistible, de voir le monde entier se transformer en lait tourné ».
Qu’est-ce qu’Ubik ? Une marque de bière ? Une sauce salade ? Une variété de café ? Un médicament ? Peut-être… Et quel est donc ce monde où les portes et les douches parlent et n’obéissent aux ordres qu’en retour de monnaie sonnante et trébuchante ? Un monde où les morts vivent en animation suspendue et communiquent avec les vivants dans les « moratoriums ». C’est dans cet univers que Glen Runciter a créé un organisme de protection contre les intrusions mentales : télépathie, précognition, para-kinésie. Joe Chip, un de ses employés, est chargé de monter un groupe de « neutraliseurs » de pouvoirs « psy », afin de lutter contre ce qui semble être une menace de grande envergure.
Entre la régression du temps et l’instabilité du monde des morts, Ubik est le piège final des réalités. Dans ce roman culte qui réunit tous les thèmes de la S.F., Philip K. Dick peint le portrait d’une humanité à l’agonie, dominée par la technologie. Pour Joe Chip, le héros spécialisé dans la traque des télépathes, la paranoïa et le doute sont les seules certitudes…
Ma chronique :
Difficile de chroniquer ce livre inclassable !
Pourtant, le démarrage est de la science-fiction incluant certains thèmes chers à l’auteur : dans un avenir proche (1992 pour un livre publié en 1969), des anti-télépathes sont employés à traquer et annihiler des télépathes payés à perturber des entreprises. Le patron des anti-télépathes accepte une grosse mission confiée par un milliardaire, en emmenant avec lui onze de ses meilleurs éléments…
Pendant cette première partie, l’auteur s’amuse à tourner en dérision la société capitalistique (même les portes doivent être payées pour s’ouvrir) en effleurant la dystopie. Mais comme nous sommes dans un livre de Philip K. Dick, très rapidement nous retrouvons ses thèmes favoris, comme la paranoïa ou la drogue (ici des amphétamines). De même, rapidement un de ses personnages ne sait plus si ce qu’il vit est la réalité… ou pas. L’auteur aborde aussi une nouvelle fois le refus de la mort des proches, sujet qu’il avait déjà abordé dans la nouvelle Ce que disent les morts.
Mais quand les protagonistes arrivent sur la Lune, le roman bascule dans… autre chose. Ce n’est même pas du Fantastique, tant l’histoire devient déroutante et le temps n’avance plus linéairement. Il serait difficile de résumer la suite (et il ne le faut pas, au lecteur d’avoir la surprise de la découverte !), mais en ce qui me concerne peu de romans m’ont fait autant suivre des personnages pour lesquels je craignais le pire, et espérant qu’ils s’en sortent. Le lecteur est dans la même position que les protagonistes : il ne comprend pas ce qu’il se passe, et quand il croit avoir compris ses certitudes s’effondrent.
Philip K. Dick n’est pas l’auteur de science-fiction le plus facile, car il n’est pas un « romancier » au sens habituel du terme. Ses romans sont parfois imparfaits, mais il avait un incroyable talent pour imaginer et exposer des idées fortes. Il n’est pas étonnant qu’il ait tant inspiré le cinéma, et évidemment d’autres écrivains. Il a été précurseur dans bien des domaines, et Ubik est un incontournable pour connaître son œuvre et son univers.
Philip K. Dick a écrit ce roman alors qu’il prenait beaucoup d’amphétamines, et l’histoire s’en ressent tant elle est hallucinatoire. À ma première lecture, le livre était resté en moi pendant plusieurs semaines.
Un roman à part.
Autres chroniques dans la blogosphère : Gromovar, Les Chroniques du Chroniqueur, Nevertwhere (livre audio), Lorhkan, Célinedanaë (livre audio),
Si j’ai une préférence toute particulière (j’en ignore la raison profonde) pour Dr Bloodmomey, il me faut bien reconnaitre qu’Ubik me parait être le chef-d’oeuvre de l’auteur, celui où tout se bouscule pour tout déconstruire, le chamboulement de la réalité qu’entrevoit l’auteur rejaillit sur le lecteur et le place en équilibre toujours instable. Ubik est une expérience en soi.
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Effectivement, lire un livre de Philip K. Dick est toujours une expérience, c’est la bonne expression !
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Je me souviens des en-têtes de chapitres. Je viens, pour le plaisir, d’en piquer un au hasard. C’est celui du chapitre 10:
« Vous êtes sujet aux odeurs de transpiration ?
Ubik déodorant, spray ou stick,
vous évitera tout inconvénient,
et grâce à lui dorénavant
vous n’aurez plus peur d’aller en société.
Sans danger si l’on se conforme au mode d’emploi
dans un programme rigoureux d’hygiène corporelle »
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Stan Barets, en fouillant le net de première intention, a écrit du roman dans le SFictionnaire 01 que « Ubik est le piège final des réalités ».
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J’ai lu ce roman peu de temps après sa parution en « J’ai lu » (1975). Cà fait 44 ans. Une paille, quoi..! Jamais relu. Il m’en reste pourtant des souvenirs éblouis d’instabilité constante, sensation unique que celle d’être sans arrèt en équilibre entre vrai et faux, entre une chose et son contraire comme références absolues. Un grand manège étourdissant où le tournis laisse place au vertige.
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C’est un très grand roman, où le lecteur est en position aussi instable que les protagonistes.
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