
Genre : Autobiographie.
Première édition : 1997 en VF (Angela’s Ashes, 1996 en VO).
Présentation de l’éditeur : « Quand je revois mon enfance, le seul fait d’avoir survécu m’étonne. Ce fut, bien sûr, une enfance misérable : l’enfance heureuse vaut rarement qu’on s’y arrête. Pire que l’enfance misérable ordinaire est l’enfance misérable en Irlande. Et pire encore est l’enfance misérable en Irlande catholique. » C’est ce que décrit Frank McCourt dans ce récit autobiographique. Le père, Malachy, est un charmeur irresponsable. Quand, par chance, il trouve du travail, il va boire son salaire dans les pubs et rentre la nuit en braillant des chants patriotiques. Angela, la mère, ravale sa fierté pour mendier. Frankie, l’aîné de la fratrie, surveille les petits, fait les quatre cents coups avec ses copains. Et, surtout, observe le monde des adultes. La magie de Frank McCourt est d’avoir retrouvé son regard d’enfant, pour faire revivre le plus misérable des passés sans aucune amertume. »
Ma chronique :
Frank McCourt, enseignant américain, décrit son enfance dans l’Irlande d’avant-guerre… Une enfance miséreuse, entre une mère dépassée et fatiguée qui est obligée de quémander la nourriture, et un père irresponsable et alcoolique qui boit les maigres subsides de la famille. Né à New York, il revient avec les siens en Irlande lors de la Grande Dépression après le décès de sa plus jeune sœur. Sur la terre natale de ses parents, il souffrira de la faim, l’humidité, la maladie, et parfois la mort de certains de ses très jeunes frères.
Le père, qui perd tous ses emplois car il ne se réveille pas de ses beuveries, aime ses enfants mais il est seulement capable de beugler des chants irlandais en rentrant des pubs, et en obligeant ses fils aînés de promettre de mourir pour l’Irlande. Le jeune Frank est responsabilisé très tôt, en devant s’occuper de ses plus jeunes frères, quand sa mère ne l’envoie pas chercher son père dans les pubs pour lui prendre l’argent des allocations. Il n’a pas dix ans.
La société irlandaise de l’époque n’est pas décrite sous son meilleur jour : les professeurs d’école font souvent preuve de sadisme dans les punitions, la religion et les superstitions restent très prégnantes, ce qui n’empêche pas les enfants McCourt d’être confrontés au mépris de classe, alors que la faim les tenaille sans cesse.
L’auteur réussit à nous offrir des personnages très divers et bien croqués : les voisins généreux et ceux qui sont égoïstes, les prêtres peinés pour les enfants pauvres et ceux qui leur ferment (littéralement) la porte au nez, les membres de la famille choqués par l’alcoolisme et ceux qui préfèrent aller boire une pinte avec le père.
Pourtant, malgré la dureté du propos, ce livre se lit d’une traite : le narrateur est l’enfant Franck McCourt, qui pense et parle comme un enfant. Parfois naïf, il ne comprend pas le monde qui l’entoure, mais le lecteur le comprend que trop bien.
À aucun moment ce roman n’est larmoyant, au contraire il est très vivant, et dans cet univers à chaque jour suffit sa peine. Témoignage sur un passé pas si lointain, où les pauvres avaient souvent honte, où l’ignorance faisait des ravages, mais aussi un monde où des enfants comme Frank ont eu la chance de lire des livres à aimer, pour un jour devenir enseignant « en Amérique ».
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